Prise de poste de dirigeant : comment réussir vos 100 premiers jours ?

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La prise de fonction d'un ou d’une dirigeante de PME ou ETI est un défi stratégique, surtout dans un contexte incertain. Asseoir sa légitimité, comprendre les dynamiques internes et externes, initier les transformations essentielles : ces premiers instants sont décisifs pour une bonne prise de fonction. Cédric Mossaz l’a bien compris. 

Ingénieur généraliste et diplômé de l’Executive MBA d’emlyon business school avec une spécialisation « Direction Générale de PME/ETI », il a fait des « 100 premiers jours d’un Directeur Général » le sujet de son makers’ project. Fort de ses expériences en grands groupes et désireux de diriger une PME/ETI, il y propose une feuille de route concrète, nourrie par l'expertise des professionnels qu’il a pu interroger.

Découvrez les bonnes pratiques, les conseils et la méthodologie qu’il a rassemblés et synthétisés pour aborder cette phase avec succès !

I. Préparer sa prise de fonction
L’anticipation, le prérequis d’une bonne prise de poste

La réussite d'une prise de fonction se joue souvent avant le premier jour – un constat partagé par de nombreux dirigeants. Cette période d’anticipation permet de gagner un temps précieux et d’alléger la charge de travail. L’objectif est simple : collecter un maximum d’informations et poser les bases pour être opérationnel dès le premier jour.

Les piliers d’une préparation réussie

Comprendre les attentes et la « lettre de cadrage »

Avant même d'intégrer l'entreprise, échangez de manière approfondie avec la gouvernance (Conseil d'Administration, actionnaires…). Cette démarche est précieuse : elle permet de clarifier votre mandat de futur dirigeant. Il s'agit de préciser le contexte de l'entreprise (en redressement, en croissance, en phase de maintien du succès, etc.), ses objectifs et les lignes directrices de sa stratégie.

C’est aussi l'occasion de définir ensemble la nature des informations et des décisions que vous partagerez lors de vos reportings.

Cette discussion peut se concrétiser par une lettre de cadrage pour formaliser les attentes et prévenir toutes ambiguïtés. Plusieurs dirigeants interrogés ont d'ailleurs regretté de ne pas avoir bénéficié de ce document stratégique avant leur prise de fonction.

Recueillir des informations auprès des acteurs clés

Pour mieux cerner les attentes et besoins, collectez un maximum d'informations en amont. Si cela est possible, accédez aux bilans financiers, aux données commerciales et déterminez le contexte business global. Tout l’enjeu pour vous est de comprendre rapidement l'état de l'entreprise – et donc, de gagner du temps.

Lorsque la confidentialité et les conditions le permettent, rencontrez desacteurs clés avant votre prise de poste. Ces échanges préliminaires sont précieux : ils facilitent votre arrivée, fournissent de premiers insights concrets, valorisent les individus déjà en place et posent les fondations d'une collaboration efficace.

L’arrivée d’un nouveau dirigeant et de changements à venir peut créer de l’appréhension chez les collaborateurs : ce travail d’immersion anticipée pourra permettre de les aider à s’y adapter.

Bien communiquer dès le départ

Pour rassurer les parties prenantes face au changement, soignez vos premières communications et préparez les messages que vous souhaitez transmettre. Salariés, clients, fournisseurs ou encore institutions locales ; chaque groupe a besoin d’informations claires et calibrées.

Vous devez ainsi adapter votre message et vos canaux de communication à chaque interlocuteur. Une personnalisation qui renforce l’impact et la pertinence du discours, garantissant une meilleure adhésion.

Gérer le contexte humain

En cas de passation avec l'ancien dirigeant, définissez clairement les rôles et responsabilités de chacun. Le but ? Évitez toute confusion et perturbation durant la transition.

Enfin, sécurisez les talents dont le départ serait préjudiciable à l’organisation. Assurer la continuité et la stabilité des équipes (notamment au travers d’un plan de rétention) doit devenir une mission prioritaire dès votre prise de poste.

II. Les 100 premiers jours : écoute, stratégie et prise de décisions éclairées 
L’écoute active, moteur d’une bonne compréhension

Vos premiers jours en tant que dirigeant sont une période d'immersion totale. Votre priorité ? Comprendre et évaluer l'entreprise en profondeur.

Cette phase initiale nécessite une écoute active et intense. Interrogez vos équipes avec des questions ouvertes, comme le recommande Cédric Mossaz :

À chaque prise de poste, je passe énormément de temps à écouter. C'est ma principale priorité. J'interroge les personnes de l'entreprise avec des questions très ouvertes. Qu’est-ce qui va bien ? Qu'est-ce qui pourrait s'améliorer ? Et si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous ? C'est un moment unique pour capter des informations précieuses qu'on ne pourra plus obtenir par la suite.

Parallèlement, profitez-en pour « manager avec vos pieds » selon l’expression du dirigeant, en étant au plus proche de vos équipes pour mener une observation minutieuse sur le terrain.

Rendez-vous sur les lieux de production et dans les bureaux pour saisir la réalité opérationnelle, identifier les problématiques et savoir où concentrer vos efforts. C'est en étant présent sur le terrain en accompagnant les équipes que vous comprendrez réellement les dynamiques et les défis quotidiens.

La posture du dirigeant : bâtir la confiance et manager les équipes

Le secret d’une bonne prise de poste : adopter la bonne posture en tant que nouveau Directeur Général. Dans un premier temps, il s’agit surtout de vous appuyer sur les recommandations des équipes, une excellente façon de prendre des premières décisions éclairées et d’obtenir vos premiers « quick wins » (victoires rapides).

L'objectif est d'installer un climat de confiance « a priori » avec vos équipes, le plus rapidement possible. C’est le terreau de toute collaboration future !

Toutefois, certaines situations peuvent exiger de passer à l’action rapidement, notamment si vous constatez des comportements inadaptés et inacceptables (harcèlement, manquements à la sécurité, malversations…). N'hésitez pas à prendre des décisions fortes et à vous montrer ferme le cas échéant pour asseoir votre leadership.

Ces actions envoient un signal clair sur les valeurs et les standards attendus.

Posture de dirigeant : qui sont vos alliés ?

Le Comité de Direction (CoDir) joue un rôle prépondérant dans la construction de cette posture : il est l'organe privilégié pour le diagnostic initial, l'échange de feedback constructif et l'implication dans les changements majeurs.

Au-delà de l'organigramme officiel, il faut également identifier les alliés informels au sein de l’organisation (leaders d'opinion et d'expertise), l'influence ne se limitant pas à une position hiérarchique.

Le gain de légitimité : méthode, exécution et résultats

Le piège classique pour un nouveau dirigeant est de « faire à la place de ». Restez attentif au risque de micro-management et ne vous concentrez pas que sur votre domaine d’expertise et vos zones de confort..

Plutôt que de résoudre vous-même chaque défi opérationnel, positionnez-vous comme la personne qui pose le cadre en apportant de la méthodologie à vos équipes.

Pour créer rapidement une dynamique positive et installer votre légitimité en tant que dirigeant, concentrez-vous sur la résolution d’irritants simples mais qui pèsent sur le quotidien de vos équipes.

C’est une manière efficace de générer des « quick wins » qui vous permettront de vous focaliser sur les problématiques de long terme, dans un second temps.

Maîtriser le changement

Gardez en tête que piloter le changement  avant d’être un chantier technique, est un exercice humain. Vouloir imposer votre « patte » trop rapidement ou répliquer des modèles passés sans les adapter n’est pas sans risque.

Alors prenez le temps pour vous assurer du « pourquoi » et de la pertinence de chaque initiative. Cela vous permettra de vérifier que les conditions du changement sont bien réunies (moyens, capacité d'absorption des équipes), et ainsi, d'éviter d’agir dans la précipitation.

Enfin, n’oubliez pas de mesurer l'impact de vos décisions. Prenez, notamment le temps de distinguer clairement les indicateurs fondamentaux pour le pilotage  de l'entreprise des autres. Avec l’aide du CoDir, vous serez en mesure de définir des KPI pertinents pour suivre l'efficacité de vos actions.

III. Futurs dirigeants : enseignements personnels et conseils
Une démarche d’apprentissage continu

Pour Cédric Mossaz, la réalisation de ce mémoire sur les 100 premiers jours d'un Directeur Général a été une démarche d’apprentissage décisive.

Plus qu'une simple exploration académique, cette étude a renforcé ses ambitions et offert de précieux éclairages sur les « zones de vigilance » que tout bon dirigeant doit avoir en tête.

Parmi ces enseignements, Cédric Mossaz souligne une prise de conscience concernant :

  • les biais liés à sa propre expertise sectorielle ;
  • l’impatience face aux délais de changement ;
  • le manque d'expérience dans certains domaines fonctionnels.

Des points de départ intéressants pour approfondir sa réflexion et son développement personnel, dans l’optique d’aborder sereinement des responsabilités de  dirigeant d’entreprise..

Les qualités essentielles du dirigeant, selon Cédric Mossaz

Pour notre diplômé de l’Executive MBA, plusieurs qualités et approches sont fondamentales pour celui ou celle qui aspire à un poste de Direction Générale.

  • Cultiver l'expérience managériale : il insiste sur le fait que l'on apprend « en marchant ». L'expérience terrain est irremplaçable.
  • S'ouvrir à des thématiques généralistes : avoir une vision 360° de l'entreprise permet d’appréhender toutes ses problématiques (financières, commerciales, opérationnelles ou humaines). Si le MBA permet d’acquérir cette vision globale, l'ancrage dans la réalité opérationnelle reste primordial.
  • Avoir l'envie de diriger des équipes et de construire avec elles : au-delà des compétences techniques, la passion pour le management humain et l'attrait pour un métier riche et stimulant sont de vrais moteurs.

Conclusion

Les 100 premiers jours d'un dirigeant sont décisifs pour asseoir une vision et impulser une dynamique forte. Comme l'illustrent les recherches de Cédric Mossaz, le succès repose sur une préparation rigoureuse, une écoute active des équipes et de l'environnement et une gestion avisée du rythme du changement.

Le rôle de Directeur Général est par nature exigeant et complexe. Il demande un équilibre permanent entre vision stratégique, management des équipes et agilité face aux imprévus. Pour tout futur leader, la direction est un chemin semé d'embûches et d'adaptation constante. C'est en cultivant ces dimensions que l'on construit non seulement sa légitimité, mais aussi la réussite durable de l'entreprise.

Et si l’Executive MBA était la clé pour réussir votre prochaine prise de poste ?