Le moins que l'on puisse dire, c'est que Charlotte est une jeune femme très déterminée. Quand elle a un objectif, elle met toutes les chances de son côté pour l'atteindre. Rien ni personne ne l'arrête. Une ténacité et une détermination qui l'ont amenée, il y a quelques mois, à entreprendre une formation continue dans le domaine du management au sein d'une grande école de commerce.
A 34 ans, cette pétillante et énergique maman a une soif inassouvissable de connaissances et d'expériences. Née en Afrique de parents français ayant posé leurs valises pour un temps au Gabon, Charlotte baigne depuis toujours dans l'atypisme. D'un père devenu exploitant forestier et négociateur en bois en Afrique parce qu'il avait renoncé à ses études dans le notariat et d'une mère baroudeuse, elle tient cette capacité d'adaptation hors du commun. Débarquée en France à l'âge de 5 ans, elle découvre la vie insouciante et sans danger en Alsace, puis dans la région lyonnaise où elle coule une vie paisible avec sa famille. Souvent qualifiée d'insolente, elle éprouve certaines difficultés avec l'autorité. Sa grande répartie en agace plus d'un. Elle qui aime observer et comprendre les autres a beaucoup de mal à rester en place et dérange. Elle obtient toutefois un Bac S spécialité maths avec mention bien en 2003. L'adolescente alors rebelle et fêtarde voudrait "faire médecine". Seulement voilà, son entourage et ses profs l'en dissuadent, ne l'en pensant pas capable. Il faut dire que ses difficultés de concentration et sa pensée en arborescence la présentent plus comme une rêveuse, une idéaliste et non une bûcheuse au fonctionnement rationnel et pragmatique. Charlotte se tourne alors vers une fac d'économie et gestion qu'elle entame sans grande conviction ni motivation. Quelques mois seulement après sa rentrée, elle plaque tout et envisage le concours d'entrée dans une école de commerce de Lyon. Financièrement, ce projet s'avère tout simplement impossible. Ou tout du moins les démarches à faire pour remplir les dossiers de demande d'aides au financement auxquelles elle pourrait prétendre lui semblent insurmontables. Elle abandonne l'idée et postule pour une formation dans un IUT sur Annecy où elle est admise. Elle a alors 20 ans. L'appartement qu'elle trouve est quelque peu miteux et la jeune femme vient de rencontrer un garçon sur Lyon. Elle ne mettra jamais les pieds dans l'IUT d'Annecy, et trouve un job en tant qu'équipière dans une grande chaîne de restauration rapide sur Lyon. Déterminée à réussir Charlotte n'est toutefois pas du genre à se contenter d'une "petite carrière". Très ambitieuse, elle ne s’en cache pas, elle porte en elle une ambition saine, où elle veut laisser une place aux autres. Après donné naissance à une petite fille, elle gravit les échelons jusqu'à devenir manager dans cette même enseigne. Elle gère quotidiennement ses 30 équipiers avec brio et justesse en tenant compte de la personnalité de chacun. Ses objectifs sont élevés. Elle obtient de bonnes notes et est promise à une belle carrière au sein de la chaîne. Dans ce métier de manager, ce qu'elle affectionne tout particulièrement, c'est la gestion de l'Humain.
Mais cela ne suffit pas, d’un point de vue financier, elle doit trouver une autre option afin d’améliorer son salaire et d’envisager des perspectives professionnelles plus intéressantes.
Avril 2007, Charlotte décide de changer de cap et de passer le concours d'infirmière afin d'intégrer une école en septembre. Désormais seule avec sa fille, elle se bat sur tous les fronts. Elle prépare son concours, demande un CIF qui est accepté, trouve des solutions de garde pour sa fille et finit par être admise dans son école. Pour subvenir à son quotidien, elle retourne travailler dans la restauration rapide durant toutes les périodes de vacances scolaires. En fin de deuxième année, son CIF prend fin et il lui faut alors trouver de nouveaux financements pour la fin de ses études. Licenciée, elle se tourne alors vers Pôle Emploi qui refuse, dans un premier temps, de l'aider. Pugnace et déterminée, Charlotte finit toutefois par convaincre et obtient un financement qui lui permet de terminer sereinement ses études. Diplômée en novembre 2010, elle sait qu'avec un tel cursus, elle ne sera jamais à cours de travail et qu'elle ne s'ennuiera pas, les missions quotidiennes étant très variées. S'ennuyer, c'est ce que Charlotte déteste le plus ! Elle, ce qui l'anime, ce sont les challenges, les choses non établies. Elle aime les ressentis, être en lien avec les autres. L'Humain la passionne et c'est tout naturellement qu'elle intègre une unité de psychiatrie où son besoin de comprendre les choses et l'Humain va pouvoir être comblé. Elle s'épanouit 3 ans durant entre travail dans un hôpital psychiatrique, un service d'urgences psychiatriques et un centre médico-psychologique où elle suit régulièrement des formations, réunions et ateliers pratiques en groupe. Ces années lui ont apporté énormément de maturité, de patience, de recul, de connaissance de soi et de l’autre. Charlotte en a pleinement conscience. Liberté et émancipation Toutefois, sa soif de liberté et son besoin de s'affirmer davantage la démangent. Août 2013, elle quitte la fonction publique et les institutions. Elle devient infirmière libérale et fait quelques remplacements en attendant de pouvoir monter son propre cabinet. Projet qui voit le jour quelques mois plus tard. Ne pouvant faire de publicité pour son activité, Charlotte trouve un local, inscrit son nom dans les pages jaunes, pose sa plaque et se présente auprès des médecins, des pharmaciens du quartier pour se faire connaitre afin que les patients poussent la porte de son cabinet. Les premiers mois sont difficiles, mais elle ne se décourage pas et le bouche à oreille finit par fonctionner. La jeune femme prend une associée. Le cabinet tourne bien. Trop bien pourrait-on dire, car Charlotte n'a plus le temps de l'Humain. Le nombre toujours plus important de patients lui interdit de lier davantage de liens avec ces derniers. Elle a cette insupportable impression de se restreindre, de ne pas pouvoir exploiter pleinement son potentiel. Juin 2015, dans le cadre de son activité d'infirmière libérale, Charlotte rencontre un prestataire de santé en matériel médical qui décèle chez elle un formidable potentiel, une capacité innée pour la relation humaine, et la bouscule en lui disant haut et fort ce qu'elle ressent profondément : elle est faite pour être en lien avec les autres. C'est bien ça son fil rouge, sa raison d'être. Ce dernier va jusqu'à lui proposer un poste de commerciale dans son entreprise alors en plein essor. Charlotte quitte son cabinet et devient ainsi la première commerciale de l'entreprise. Elle se retrouve en charge du développement de la société sur Lyon et sa région. Un défi à la hauteur de ses ambitions. Les compétences et le dynamisme de la jeune femme la propulsent en charge de la formation et l'accompagnement terrain de ses collègues. Elle excelle dans son job et participe considérablement au développement de son entité. Toutefois, la reconnaissance n'est pas à la hauteur de ses attentes. Soif de reconnaissance Son entreprise se fait racheter par un grand groupe. La jeune pense enfin voir ses compétences reconnues et l’opportunité d’évoluer au sein d’un groupe de taille nationale. Elle a néanmoins l’intuition que son expérience et ses qualités ne suffiront pas pour obtenir la reconnaissance et l’évolution attendues. Elle se met alors en quête d'une formation continue diplômante qui pourrait lui permettre de développer ses compétences et d’assoir sa légitimité. Elle se rend à une réunion d’information et son attention se porte sur le Executive Master Management Général proposé par l'emlyon business school. En contactant l'école afin d'avoir davantage de renseignements, Charlotte - qui s’est toujours sentie éloignée de ce type d’établissement - découvre grâce à son interlocutrice Ludivine qu'elle peut tout à fait postuler. Son parcours colle parfaitement avec les critères de sélection. Elle est admise dans le programme. Charlotte se sent rassurée. Son moral est regonflé. Reste toutefois le financement de la formation à trouver. N'ayant plus d'heures de DIF disponibles ni de CPF, elle présente, enthousiaste, son projet à son DRH et lui demande une aide financière. Requête aussitôt rejetée brutalement et sans appel. Charlotte est effondrée, mais ne renonce pas. Ce diplôme, elle le veut. Coûte que coûte. Elle obtient un financement par un OPCA (Organismes paritaires collecteurs agréés) qui couvre environ un tiers du coût de cette formation et choisit d'intégrer l'école en finançant ce qui manque grâce à un prêt étudiant - qu'elle n'avait jusque lors jamais osé demander. C'est donc avec envie, forte de son enthousiasme, qu'elle entame son cursus en février dernier et découvre que les autres participants sont dans le même état d'esprit qu'elle. La formation se déroule à raison de 2-3 jours par mois sur le campus d'Ecully. Même si cela demande beaucoup de travail personnel, Charlotte assimile très vite et facilement. Consciente qu'un diplôme ne fait pas tout, la jeune femme voit cela comme un moyen de s’épanouir dans ses aspirations professionnelles. Cette formation la booste comme jamais. Active sur les réseaux sociaux, elle voit un jour passer une annonce pour un poste d'Ingénieur Commercial proposé par une grosse firme américaine dans le domaine du dispositif médical. Plus confiante quant à ses capacités et ses compétences, même si sa formation n'est pas encore terminée, Charlotte décide de se lancer un défi et de voir ce qu'elle vaut sur le marché du travail. Celle qui n'a jamais passé d'entretien de recrutement se jette dans l'arène et envoie son CV sans trop d'attentes. Quand toutes les planètes sont alignées Quelle ne fut pas sa surprise quelques jours plus tard lorsqu'elle reçoit un appel de l'entreprise ayant passé l'annonce : sa candidature a été retenue et la voilà convoquée à son premier entretien d'embauche ! La rencontre est dynamique et conviviale. Charlotte en ressort heureuse et piquée au jeu dont l'objectif est un poste qui lui plait énormément, d'autant que les perspectives d'évolution sont - cette fois-ci - bel et bien là. Tout est désormais très clair pour Charlotte qui sent un véritable tournant poindre dans sa vie. Tout semble aligné pour le meilleur. Elle est maintenant en lice pour la course finale. Ils ne sont plus que deux candidats. La nouvelle tombe le jour de son anniversaire : elle est prise pour le poste ! Ce sera son plus beau cadeau et la promesse d'un avenir à la hauteur de ses ambitions. La jeune femme éprouve alors un sentiment de plénitude et de joie immense. En poste depuis le début du mois de juin, Charlotte mène de front sa formation et ses nouvelles responsabilités avec un enthousiasme hors du commun. Ce qu'elle apprend à l'emlyon, elle le met immédiatement en relation avec son poste et son environnement professionnel. Elle a désormais l'impression de développer pleinement son potentiel, accompagnée d’une juste reconnaissance. Même si son cursus n'est pas encore terminé à l'heure d'aujourd'hui, elle reconnait que tous ces challenges lui sont bénéfiques, que ce soit dans sa vie professionnelle ou personnelle. Elle éprouve notamment une grande fierté, en montrant à sa fille - mais aussi à sa famille, ses amis et ses collègues - que tout est possible dès lors que l'on s'en donne les moyens. La petite fille que l'on qualifiait enfant d'instable a surmonté son syndrome de l'imposteur et s'est métamorphosée en femme sûre d'elle, à l’écoute, consciente de ses compétences et de sa valeur. Celle qui se cherchait dans le regard des autres s'est finalement rencontrée dans son propre regard.
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