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Think Paris 2018, ou l’intelligence artificielle appliquée

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Quand l’intelligence artificielle réinvente le business et le management

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Quand Orange Bank assure la moitié des échanges avec ses clients grâce à un chatbot intelligent, Crédit Agricole Business automatise la « lecture » de rapports financiers. De son côté, l’association Mana centralise sans effort 90% des informations disponibles produites sur l’environnement pour se concentrer sur son activité : l’analyse du changement climatique. Autant de cas d’usage présentés à Think Paris, la conférence annuelle d’IBM organisée le 9 octobre dernier à Paris au Carrousel du Louvre. 2000 personnes ont pu découvrir les nouvelles applications concrètes du programme d’intelligence artificielle Watson, les futurs investissements d’IBM dans l’IA en France et aussi les projets IA d’emlyon business school, présentés en personne par Bernard Belletante le directeur de l’école. Retour sur un événement qui a démontré l’accélération de l’impact de l’IA sur le business. D’ailleurs, dépêchez-vous, cet article sera probablement obsolète dans 6 mois !

L’IA, accélérateur du smart business

Un chatbot si humain

Loin des fantasmes, l’intelligence artificielle assume de plus en plus de tâches à faible valeur ajoutée… sans qu’on s’en rende véritablement compte. Illustration dès l’ouverture de Think Paris avec la présentation de « Djingo » : l’assistant virtuel de la néobanque en ligne Orange Bank, capable d’interagir par écrit mais aussi à la voix. Il s’agit en réalité une déclinaison en marque blanche de « Watson », le programme d’intelligence artificielle développé depuis une dizaine d’années par IBM — oui, celui qui a passé le test de Turing en 2011 en devenant champion du jeu télévisé Jeopardy aux Etats-Unis. Et bien, Watson/Djingo a bien grandi : il assure déjà 50% de tous les échanges entre les clients et Orange Bank (contre 36% au lancement). En mesure de répondre à 500 questions en langage naturel, Djingo ne laisse la place à un « vrai » conseiller qu’au moment où l’échange devient passablement trop complexe : la solution idéale « pour optimiser l’interaction avec les clients », comme l’a expliqué André Coisne, ex Directeur Général d’Orange Bank (il fut remplacé dans l’après midi!) et à l’origine de ce déploiement original.

Assistance technique en réalité augmentée

Si l’intelligence artificielle permet de simplifier et automatiser la relation-client, elle trouve aussi des débouchés pratiques dans l’assistance aux techniciens. Les démonstrateurs d’IBM ont montré comment un mélange de reconnaissance visuelle, de machine learning et de process FAQ pouvait permettre de créer un « réparateur virtuel ». Face à un circuit imprimé ou un moteur, le technicien n’a qu’à braquer son smartphone : le programme identifiera immédiatement la pièce défectueuse et indiquera en réalité augmentée la marche à suivre pour la remplacer (quel fil déconnecter, quelle manipulation effectuer, etc…). Là encore, les possibilités sont infinies.

Un « lecteur » express

Tout autre sujet qui fait appel au machine learning et à l’analyse fine des données, présentée au Think Paris ? La « lecture » fine d’un rapport financier, actuellement expérimentée au Crédit Agricole Corporate and Investement Bank (la branche « Banque d’Affaires » du Crédit Agricole). Grâce à Watson, un document de plus d’une centaine de pages est « analysé » et synthétisé en à peine 3 minutes, là où il faudrait 4-5 heures pour un analyste financier. L’IA priorise l’information et fait remonter les pays où opère une société, ses partenariats, ses liens douteux… « L’apprentissage automatique des capacités cognitives de Watson est rationalisé pour la gestion des risques, la mise en conformité et la lutte contre la fraude », explique Jean-Philippe Desbiolles, Vice-Président Cognitive Solutions IBM Watson. Là encore, il ne s’agit pas de remplacer l’humain, mais bien de lui permettre de se concentrer sur les tâches à haute valeur ajoutée : l’analyse des risques financiers proprement dite !

L’IA est tellement ancrée dans le quotidien qu’elle est même utile… aux ONG œuvrant pour le développement durable ! L’association Mana Community s’est donnée pour mission de détecter les risques environnementaux liés aux pratiques des entreprises. Et concentrer toute l’information disponible sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux pour les remonter aux grands groupes représente un boulot titanesque. « Grâce à l’analyse en amont des données par Watson, nous avons réduit de 90% le traitement des données, comme l’explique Kiti Mignotte, fondatrice de l’association. Nos collaborateurs peuvent ainsi se concentrer sur la qualification des 10% restants.» Un gain de temps et d’efficacité non négligeable…

L’IA au service de la cybersécurité : mieux qu’un antivirus

C’est un usage moins intuitif, mais les algorithmes d’apprentissage cognitif peuvent être des alliés très précieux au service de la cybersécurité. Dans un domaine où les experts font défaut, « Watson Sécurité » aide les responsables de la sécurité réseau. En se basant sur une base de données gigantesque de toutes les menaces en cours, le logiciel qualifie rapidement les attaque, met un nom sur un virus et fournit en temps des hypothèses de contre-attaque pour sécuriser les réseaux. Mais là encore, ce service d’apprentissage cognitif ne vient qu’en complément de l’humain, puisque experts IBM et chercheurs veillent en permanence pour identifier les nouvelles vulnérabilités et élaborer des antidotes… à déployer par Watson. Pas inutile toutefois, puisqu’un utilisateur sur huit finit par cliquer sur un lien de phishing dans le monde…

C’est un usage moins intuitif, mais les algorithmes d’apprentissage cognitif peuvent être des alliés très précieux au service de la cybersécurité. Dans un domaine où les experts font défaut, « Watson Sécurité » aide les responsables de la sécurité réseau. En se basant sur une base de données gigantesque de toutes les menaces en cours, le logiciel qualifie rapidement les attaque, met un nom sur un virus et fournit en temps des hypothèses de contre-attaque pour sécuriser les réseaux. Mais là encore, ce service d’apprentissage cognitif ne vient qu’en complément de l’humain, puisque experts IBM et chercheurs veillent en permanence pour identifier les nouvelles vulnérabilités et élaborer des antidotes… à déployer par Watson. Pas inutile toutefois, puisqu’un utilisateur sur huit finit par cliquer sur un lien de phishing dans le monde…

Comment l’IA va transformer nos manières d’apprendre

La transformation permanente

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Si l’intégration de l’intelligence artificielle modifie radicalement la manière de fonctionner des entreprises (et même leur culture !), il faut savoir préparer les futurs managers de demain. C’était tout le sens de l’intervention au Think Paris de Bernard Belletante, Directeur général d’emlyon business school. Il faut tout repenser, apprendre autrement, devenir mobile. «Nous sommes passés d’une logique de stock, de professeurs, de programmes, de salles de cours, à une logique de flux. » L’IA change la vision de l’école, de l’entreprise et dessine les métiers de demain. Voilà pourquoi IBM et emlyon business school ont lancé avec succès un partenariat technologique pour la transformation du parcours des apprenants. L’école élabore ainsi « un outil de transformation permanente des individus. » Ce système sera capable d’anticiper les tendances d’emploi des 5 à 7 années à venir, puis d’introduire les éléments de formation que les individus vont devoir suivre pour s’adapter au marché du travail. Pour Bernard Belletante, il s’agit d’un « immense GPS des compétences, capable d’intégrer plusieurs inconnus : les métiers qui n’existent pas encore ! » Bref, anticiper le monde redéfini par l’IA… grâce à l’IA. Un vrai défi pour demain.

Améliorer le profil des apprenants

En attendant, une première expérience liée à l’IA a été menée avec succès sur le campus d’emlyon business school lors de la rentrée universitaire 2018. Pendant les quatre jours d’intégration, les 1 450 élèves ont dans un premier temps rentré leurs motivations et leur profil dans un programme ad hoc — puis, grâce à un algorithme d’IA, ils ont pu être regroupés en 220 groupes de travail pour imaginer un projet de création d’entreprises. Parmi les start-ups en herbe, 50 ont été choisies pour basculer en incubateur. « Cette expérience a été possible grâce au profilage des apprenants. Un traitement de données qui aurait été impossible sans l’IA. » Une expérience qui en appelle d’autres !

Qu’attendre de l’intelligence artificielle dans les 5 ans ?

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Parmi les points d’orgue du Think Paris, Haig Peter, de l’IBM Research THINKLab, est venue présenter les innovations majeures de l’IA et de la technologie qui auront un impact direct sur la société et le monde des affaires.

L’ordinateur quantique au service de l’IA ?

Si la recherche sur les ordinateurs quantiques est en cours depuis 40 ans, les premiers ordinateurs quantiques devraient voir le jour dans les 3 ans. IBM a déjà mis à disposition des chercheurs, via le cloud, un système de calcul quantique de 5 qubit (l’unité de mesure de puissance quantique). « Cela ne résoudra pas tout, note Haig Peter, mais les capacités de calcul vont nécessairement exploser. De quoi prendre en compte des gestions complexes et intelligentes — par exemple pour un aéroport. » L’ordinateur quantique d’IBM a même déjà été utilisé en physique nucléaire et deviendra « le courant dominant de l’informatique en 2022. »

Quand l’IA protégera les océans

Plus inattendu, Haig Peter a également évoqué l’intérêt de l’IA pour la surveillance et la protection des océans. Comment ? Par le déploiement de robots microscopiques au milieu du plancton pilotés par intelligence artificielle, pour monitorer en temps réel l’état de l’eau, identifier les zones d’accumulation de plastique et suivre l’évolution du plancton.

Pour une IA neutre

Enfin, le développement de l’IA peut avoir un effet tout à fait indésirable : « l’explosion des biais de l’IA »… Pour ne citer qu’un exemple ? Pendant trois ans, l’algorithme de préselection RH déployé par Amazon prenait des décisions sexistes : en s’appuyant sur la masse salariale existante, à majorité masculine, il écartait systématiquement… Les profils féminins. « Développer des systèmes qui apprennent sans préjugés est la condition pour que l’IA puisse prendre des décisions véritablement justes et efficaces. » L’IA neutre et impartiale : un vrai mot d’ordre pour assurer une transformation du business qui profite au plus grand nombre.