Une étude conduite par l'équipe du centre de recherche Lifestyle d'emlyon business school pendant le confinement, a permis d'évaluer les effets de cette période sur le niveau de bien-être des populations française et britannique. En partant de l'analyse des modifications de styles de vie et de comportements quotidiens des personnes interrogées, les chercheurs ont pu identifier cinq profils-types de personnes mesurant l'impact du confinement sur leur bien-être physique et psychologique.

Les données, collectées au mois de mai, proviennent d'une enquête quantitative portant sur un panel de plus de 1000 personnes, dont la moitié se trouve en France, et l'autre au Royaume-Uni. L'étude porte sur plusieurs domaines de la vie courante qui peuvent être particulièrement impactés par les effets du confinement. On y retrouve des mesures de changements au niveau du bien-être physique et psychique, du travail ou des études, des finances, et des habitudes de consommation tel que les habitudes alimentaires, la socialisation, l’activité sportive, et l’usage des médias. Les chercheurs ont également mis en avant des effets de corrélation entre différents niveaux de bien-être et des caractéristiques individuelles telles que le genre, l’âge, le statut marital, le niveau d’études et le contexte professionnel, la taille du foyer ou encore le niveau de revenus.

Pour Joonas Rokka, professeur de marketing et directeur du centre de recherche Lifestyle à emlyon : « La France et le Royaume-Uni comptent parmi les pays les plus touchés par l’épidémie de Covid-19. Tous deux ont imposé de nombreuses restrictions dans la vie courante des citoyens : restriction de déplacements au sein des villes et en dehors, fermeture des échanges commerciaux et des entreprises, fermeture des lieux publics,... Par conséquent, ces nations ont dû faire face à des effets lourds et immédiats sur l’activité économique mais également sur le niveau de bien-être de leurs populations. À partir des similitudes établies entre les sondés, et les facteurs impactant fortement leurs émotions aussi bien positivement que négativement pendant le confinement, nous avons pu établir cinq profils types de personnes. »

Les « Épanouis » – 21% en France, 20% au Royaume-Uni

C'est dans ce groupe que l'on trouve le taux de bien-être général le plus élevé. Il se base notamment sur la fréquence des émotions positives fortes vécues (telles que la joie, le bonheur, la satisfaction) pendant le confinement bien supérieures aux émotions négatives ressenties (telles que la peur, la colère, la tristesse).

Points saillants :

  • une importante amélioration de leur condition physique pendant le confinement
  • aucun impact du confinement sur les finances du foyer
  • un revenu net global élevé
  • un foyer se composant de plusieurs personnes
  • en couple
  • une majorité de femmes
  • tranche d'âge la plus représentée : 45 ans et plus

Les «Émotifs» – 23% en France, 17% au Royaume-Uni

Il s'agit du deuxième groupe en termes de niveau de bien-être général reporté. Il se démarque par le fait que les personnes interrogées déclarent avoir ressenti les plus fortes émotions, qu'elles soient positives ou négatives, au cours du confinement.

Points saillants :

  • une légère amélioration ou diminution de leur condition physique pendant le confinement
  • un impact faible ou nul du confinement sur les finances du foyer
  • un revenu net global élevé
  • un foyer composé de plusieurs personnes

Les «Stables» – 20% en France, 17% au Royaume-Uni

Au sein de ce groupe, les personnes interrogées déclarent n'avoir ressenti aucune émotion positive ou négative forte au cours du confinement.

Points saillants :

  • une condition physique stable
  • un léger impact sur les finances du foyer
  • un revenu net global du foyer moyen
  • un foyer composé de plusieurs personnes

Les «Angoissés» – 25% en France, 32% au Royaume-Uni

Les sondés de ce profil déclarent avoir ressenti des émotions négatives plus fréquemment que les émotions positives au cours du confinement, avec pour conséquence un niveau de bien-être reporté faible.

Points saillants :

  • une condition physique en déclin pendant la période du confinement
  • un impact significatif du confinement sur les finances du foyer
  • un revenu net bas
  • une majorité vivant au Royaume-Uni

Les «Apathiques» – 12% en France, 13% au Royaume-Uni

C'est au sein de ce groupe que l'on trouve le taux de bien-être général le plus négatif, avec peu d'émotions négatives ressenties mais également peu d'émotions positives. Ce groupe a vécu le confinement comme s'il était anesthésié.

Points saillants :

  • une baisse notable de leur condition physique pendant la période du confinement
  • un impact très significatif du confinement sur les finances du foyer
  • un revenu net global bas
  • une majorité de célibataires
  • une majorité d'hommes
  • tranche d'âge la plus représentée : 18 - 24 ans
L'équipe de chercheurs

D'après nos conclusions, il est évident qu'en France comme au Royaume-Uni, la population se retrouve divisée en deux catégories : ceux qui ont prospéré et ceux qui ont dépéri au cours du confinement. La condition physique notamment a été impactée de manière spectaculaire chez les personnes vivant dans des conditions moins favorables psychologiquement. Nos résultats confirment que les facteurs déterminant la probabilité de faire partie d'un groupe ou d'un autre sont l'impact sur la situation financière, le nombre de personnes composant le foyer, le statut marital, le genre et l'âge

Il s'agit des tous premiers travaux de recherche ayant pour but d'évaluer l'impact du confinement lié au Covid-19, sur les modèles de consommation et sur le bien-être au quotidien – une question qui n’a, à ce jour, pas encore fait l’objet d’analyses empiriques et comparatives sur le plan international. S’il était certain que le confinement avait restreint les modes de vie de nombres de citoyens en Europe, jusqu’à présent l’impact de ces mesures sur les changements de comportement dans la vie de tous les jours ainsi que sur le bien-être physique et psychique n’avait pas encore été mis en évidence.

Cette étude révèle que l’impact du confinement sur le bien-être moral et physique des populations risque d’augmenter encore alors que l’on parle à nouveau de confinement dans le monde, en raison des résurgences de foyers de contaminations liés au Covid-19.

Le Centre de Recherche Lifestyle d'emlyon business school

Fondé par emlyon business school, le centre de recherche Lifestyle a pour objectif de nourrir l'expertise et la connaissance dans le domaine des modes de vie et pratiques de consommation. Il s'inscrit dans une perspective pluridisciplinaire et puise dans des champs de recherche aussi divers que le marketing et la consommation, les organisations, la sociologie ou les sciences de l'informatique. Le centre publie régulièrement le résultat de ses travaux de recherche sur des problématiques clés permettant de mieux comprendre les styles de vie contemporains comme par exemple l’expérience ou le service au consommateur, les goûts, les marques, la durabilité ainsi que les avancées en termes de méthodologie de recherche innovante comme la vidéographie.

Les chercheurs ayant participé à cette étude : Joonas Rokka, directeur et professeur de marketing - Karine Raïes, professeure de marketing - Massimo Airoldi, professeur de marketing - Lotta Harju, professeure en comportement organisationnel - Maira Lopes, chercheur post-doctorante - Vincent Dewaguet, assistant de recherche.

Graphiques complémentaires – crédit emlyon business school

Figure 1: L'Impact du confinement inégalement réparti (impact sur la condition physique)

Figure 2. Profils types à partir du bien-être ressenti au cours du confinement n=1040 (7= positif, 4= stable/sans changement, 1=négatif)

Pour plus de résultats et/ou être mis en relation avec un membre de l'équipe :

Communication académique emlyon business school

Valérie Jobard 04 78 33 78 29 – jobard@em-lyon.com @valeriejobardPR