Gamification, se prendre au jeu de la formation

Née dans les années 50 aux États-Unis avec les « business game » qui confrontent les participants réunis en équipes à des enjeux liés au développement d'une entreprise, la gamification s'est progressivement étoffée et complexifiée. Cette approche repose sur une idée simple : introduire des éléments et des structures propres au jeu, tels que l'attribution d'un score ou d'un statut, l'utilisation de quizz et de systèmes de récompense, l'interaction entre les joueurs. Au gré du succès de cette approche, sont apparus de nouveaux produits pédagogiques utilisant les principes de la gamification et reposant sur des scénarios généralement complexes – les « serious game ». Ces derniers suivent la structure d'un jeu et se veulent immersifs, mais ils ont uniquement vocation à apprendre, à développer des compétences. Utilisée aussi bien par les organismes de formation que par les entreprises, la gamification a fait ses preuves et a, désormais, toute sa place dans une stratégie de développement de compétences pertinente.

Au-delà de ces effets bénéfiques sur la capacité d'engagement et d'apprentissage, le grand intérêt de la gamification, c'est l'étape suivant le jeu lui-même : celle de l'analyse des comportements, des réflexes ou des prises de décisions face à des situations qui a été décidée en amont. Par exemple, une formation fondée sur un jeu collaboratif peut permettre aux apprenants de mieux coopérer, d'améliorer leurs compétences de communication entre eux, de renforcer l'esprit d'équipe.

« Le jeu n'est au fond qu'un prétexte pour favoriser l'acquisition de réflexes que l'on veut favoriser. Il permet aussi d'identifier des comportements et des mécanismes d'intérêt chez les participants », rappelle Gilles Basset. Prendre le temps, après la phase de jeu, d'analyser son déroulement permet aussi bien aux participants qu'aux organisateurs de souligner les compétences mobilisées ou renforcées par le jeu, en les mettant en rapport avec les objectifs de la formation. De quoi permettre à chacun d'optimiser son expérience et d'en tirer des bénéfices.

Les formations d'emlyon intègrent ainsi une gamme d'expériences de gamification pensées autour de la conduite de la performance de l'entreprise, sur le leadership ou la coopération. Cela va d'une simple mise en exergue d'une coordination dans un groupe avec un moyen frugal comme une corde, jusqu'à la mise en œuvre d’un jeu de gestion sur l’exploitation d’un vignoble pour tester et mettre en lumière l’importance de l’écoute, de l’analyse collective. Ce dernier exemple a été mis en place dans un programme talent pour des Hauts potentiels dans le secteur de la logistique.

Les expériences de gamification reposent sur des approches et des moyens très divers. « Une des utilisations les plus évidentes est l'alliance de la finance et la gamification, avec, par exemple, le développement de business games destinés à sensibiliser des patrons d'unités opérationnelles à la rentabilité et à la profitabilité de l'entreprise. Le jeu, par ses mécaniques, permet de très vite prendre conscience des répercussions de certains choix sur ces deux éléments clés de performance », analyse Gilles Basset.

emlyon propose aussi des jeux qui plongent les participants dans un univers complètement différent du leur mais repose sur des apprentissages qui auront un réel impact dans leur métier au quotidien. Ainsi, les participants sont, par exemple, invités à gérer les urgences de nuit d'un hôpital – une expérience de jeu qui permet de mettre en évidence l'importance du niveau de service. « Par ailleurs, nous développons pour certains clients des expériences complètement immersives. Nous avons ainsi proposé un escape game mettant en scène une mission de sauvetage de la planète. », explique Gilles Basset. Si le thème peut sembler ludique voire fantasque, l'objectif est pourtant bien concret : « il s'agit de mettre en exergue des compétences et capacités de collaboration et prise de décision sous stress et d'observer les comportements » souligne-t-il.

Après plusieurs décennies de pratique et de résultats positifs, le moment est venu pour la gamification de s'amplifier et d'intégrer plus de technologies, de mettre en avant la nécessité des transformations auxquelles doivent faire les organisations (RSE en particulier).

Un des premiers axes d'évolution consiste à optimiser l'expérience utilisateurs ou participants, en tirant parti des enseignements issus de l'industrie du jeu, et plus particulièrement des jeux vidéo. Les évolutions technologiques majeures de ces dernières années en termes de rendu graphique mais aussi de scénarios dans l'offre des jeux sont une source évidente d'inspiration pour la gamification.

Mais si l'aspect graphique joue évidemment dans l'expérience utilisateur, pour avoir une réelle portée, les expériences de gamification doivent surtout se rapprocher de la réalité des entreprises. « Nous prônons des expériences de gamification qui à la fois se fondent sur des situations ou des scénarios les plus proches possibles de ce qu'expérimentent les entreprises – c'est une approche scenario-based learning. L'autre grand axe d’application ce sont les jeux qui se concentrent sur les grands enjeux que les entreprises doivent relever de manière collective, telles que la décarbonation ou l’inclusion. » Et en effet, la clé de la réussite de cette approche repose sur la capacité à l’adapter à ses cibles, leurs besoins et leurs attentes. Réside là tout l’intérêt des parcours de formation sur-mesure. C’est ainsi que ses effets pourront s’inscrire dans la longue durée et apporter les changements nécessaires.

« Dans la même lignée, nous sommes convaincus que la proposition d’un jeu à nos clients doit toujours s’accompagner d’un travail de transparence et de communication sur ses objectifs. Les participants pourront ainsi en tirer le meilleur parti et transformer les apprentissages en acquis », conclut Gilles Basset.