En 1997, internet commence à se développer en France. Ce sera la porte d’entrée des entreprises dans ce que l’on appellera plus tard « la révolution digitale ». Flairant très tôt ce qu’il pense être un bon filon, Sylvain Laffont créé ainsi son agence digitale en 1998. Il la dirigera pendant 16 ans avant de la revendre en 2014. En 2020, la crise pandémique liée au Covid-19 l’amène à se séparer d’une autre entreprise rejointe deux ans plus tôt, toujours dans ce secteur très porteur. L’occasion pour lui de faire le point sur sa carrière, ses compétences, et sur les pratiques qui ont évolué ces vingt dernières années dans le domaine numérique. Une prise de recul qui l’amènera à suivre le certificat Piloter la Transformation Digitale (anciennement Transformation Digitale des Organisations) d’emlyon business school. Que représente la transformation digitale à vos yeux ? C’est l'intégration des nouvelles technologies dans l'ensemble des activités d'une entreprise. Au-delà des aspects marketing, ce phénomène de transformation touche plusieurs piliers : la technique, la culture de la société, le management et la stratégie. Au cours de ma carrière, j’ai constaté que le degré de maturité de nombreuses entreprises françaises dans le domaine de la transformation numérique était pourtant surestimé. Il subsiste encore une vraie résistance au changement. Cela ne veut pas dire qu’elles n’ont rien fait, mais les évolutions se limitaient bien souvent à des actions commerciales (création de site internet, réseaux sociaux, campagnes adwords…). Or la numérisation de l’activité ne peut pas se passer d’une vision stratégique. Ceci impose donc un changement de mentalité des collaborateurs et une acceptation de rupture avec les modèles du passé. Comment expliquez-vous que certaines entreprises aient ainsi eu du mal à faire évoluer leur business model ? Entre les années 2000 et 2010 il y avait un problème de vision. Aussi bien les PME que les grands capitaines d’industrie pensaient qu’internet n'allait pas prendre l’importance que nous lui donnons aujourd’hui. Et au final, depuis les années 2010, les entreprises ont vite intégré que la transformation digitale était un facteur de compétitivité. Ce processus de changement global implique d’avoir dans chaque entreprise, et à des niveaux de décisions assez élevés, au moins une personne qui souhaite bien apporter des idées nouvelles, telles que l’intelligence artificielle, le big data, les projets en cycle court, etc. A mon sens, il faut mettre de côté les livrables qui durent de longs mois, mais au contraire tester des étapes intermédiaires rapidement ! La récente crise pandémique a montré que les entreprises pouvaient accélérer les processus de digitalisation quand cela est nécessaire. L’important est de faire, d’apprendre en marchant, et de se focaliser sur des choses relativement simples à réaliser mais qui permettront de créer de la valeur rapidement. C’est un peu la philosophie early maker que vous retrouvez au sein de la formation Piloter la Transformation Digitale d’emlyon business school, qui est d’apprendre par le faire. En effet, il est primordial de réapprendre la manière dont on conçoit les projets en entreprise pour délivrer de la valeur graduellement. La transformation digitale redessine le businessmodel et rebat les cartes. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’aller chercher des concepts très lointains et dont parlent les médias, comme l’IA ou la robotique, lesquels vont - soi-disant - remplacer un jour l’humain. La révolution numérique est simple et proche des gens. Elle doit être au service des clients, mais aussi de la société et de ses collaborateurs. La formation mixe enseignements pragmatiques et partage d'expériences. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Nous bénéficions en effet du retour d’expérience d’un grand nombre d’intervenants. Ceci illustre de manière très claire un concept ou une idée. Exemple : les objets connectés. Comment fonctionnent-ils, quels sont les retours utilisateurs et quels services rendent-ils à l’entreprise ? Un consultant est venu échanger avec les membres de la promotion pour expliquer les impacts que cela avait engendrés dans son organisation. Nous n’étions d’ailleurs que trois, sur la quinzaine de participants, à avoir un background digital. Tous les autres avaient plutôt un profil opérationnel, et commençaient à toucher le digital par petites touches afin d’acquérir les méthodes de pilotage d’un projet. On a l’impression que la transformation digitale d’une entreprise est finalement autant une affaire de personnes que d’outils. C’est tout à fait exact. Mon expérience passée et le parcours TDO (maintenant Piloter la Transformation Digitale) m’ont confirmé le point suivant : il y a autant de façons de mettre en place la transformation digitale dans une entreprise qu’il y a d’individus pour la faire. Cette mutation impose des compétences pluridisciplinaires, dont beaucoup de soft skills, telles que la créativité, l’empathie, le leadership. A partir du moment où l’on commence à toucher aux expertises métiers, à la stratégie, et au management de l’entreprise, nous passons sur un terrain mouvant dans lequel il n’y a pas de vérité absolue ni de recette miracle. Le certificat insuffle une dynamique de conduite au changement grâce aux nombreux outils proposés par la formation et qui seront utilisés différemment par ceux qui l’appliqueront plus tard.