Intelligence stratégique : former les leaders de demain

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Dans l’environnement mondial actuel, les tensions géopolitiques, les risques environnementaux, les risques cyber, les décisions politiques et les évolutions technologiques rapides peuvent redéfinir des secteurs entiers du jour au lendemain. À cela s’ajoutent des surprises concurrentielles que les organisations doivent intégrer dans leurs décisions stratégiques. L’intelligence stratégique — analyser la concurrence et comprendre les risques globaux — n’a jamais été aussi essentielle.

À emlyon business school, les étudiants ont l’opportunité unique de rejoindre le MSc in Strategic Intelligence & Global Risks (SIGR), où ils apprennent à diagnostiquer, à mettre en place le niveau d’organisation adéquat, à développer des méthodes et une qualité d’analyse leur permettant d’anticiper, d’analyser et de s’adapter à ces transformations.

Nous avons rencontré le concepteur et co-directeur du programme, Philip Hoddé. Ancien responsable de l’intelligence stratégique au sein d’un grand laboratoire pharmaceutique international, il explique comment il met au service du programme plusieurs décennies d’expérience, offrant aux étudiants une opportunité unique de combiner théorie et réalités de la prise de décision à forts enjeux.

Philip Hoddé, co-directeur du programme MSc in Strategic Intelligence & Global Risks, emlyon

De l’industrie pharmaceutique à la salle de classe : une expérience stratégique réelle

Avant de rejoindre emlyon, Hoddé a passé deux décennies à maîtriser les pratiques d’intelligence stratégique. Après un doctorat en sciences de gestion centré sur l’intelligence concurrentielle, il a travaillé plus de 18 ans dans l’un des plus grands groupes pharmaceutiques mondiaux.

Il a débuté sa carrière comme analyste dans une Business Unit avant de prendre la tête du département d’intelligence stratégique du groupe :
« Ce fut un parcours fascinant où j’étais en contact avec toutes les parties de l’entreprise, en particulier les comités de direction et les dirigeants. »

Il fournissait des analyses sur les concurrents directs, mais aussi sur les tendances globales susceptibles d’impacter les résultats de l’entreprise, telles que les nouvelles technologies ou les contextes politiques influençant les marchés mondiaux.

« Ce rôle exigeait de la diplomatie », ajoute-t-il. « Il faut présenter les analyses de manière claire et objective, même lorsqu’elles peuvent contredire la vision dominante. »

Lorsqu’il a quitté l’entreprise il y a deux ans pour revenir dans le monde académique, Hoddé a vu une opportunité de relier son expérience en entreprise à l’éducation :
« J’ai choisi de revenir à ma première passion : l’enseignement. »

Au cœur du MSc : la stratégie, la cognition et les risques globaux

Au fil de ses vingt années d’expérience, Hoddé a vu l’intelligence stratégique évoluer : d’un simple suivi de concurrents, elle est devenue une discipline englobant technologie, IA, données et comportements humains — des mutations qui nourrissent directement le contenu du MSc.

Avec le co-directeur du programme, le professeur "Jean-Louis Magakian, il a conçu le MSc pour refléter la complexité du monde réel. Le programme équilibre théorie académique et pratique, alliant concepts stratégiques et exercices d’intelligence appliquée.

« Jean-Louis venait du monde de la recherche, et moi de la pratique. Ensemble, nous avons développé ce MSc, nommé Strategic Intelligence & Global Risks, pour montrer que si l’on veut influencer, orienter ou contribuer à une meilleure prise de décision, il faut aussi considérer l’environnement global : géopolitique, démographique, sociologique, cyber et environnemental. »

Dans ce MSc, les étudiants explorent trois grands piliers :

  • l’intelligence stratégique,
  • les risques globaux,
  • la cognition, c’est-à-dire la dimension humaine de la prise de décision appliquée à la stratégie.

« On ne prend jamais une décision seul », explique Hoddé. « Ce sont souvent des groupes qui réfléchissent ensemble, et comprendre comment fonctionne la cognition aide les équipes à parvenir à de meilleures conclusions. »

Pour développer ces compétences, les étudiants participent à des ateliers d’intelligence collective, des exercices d’OSINT, ainsi qu’à des simulations inspirées de situations réelles telles que la gestion de crise ou les prévisions de marché.

« Les étudiants apprennent à se mettre dans la peau de leurs concurrents et à se demander : “Qu’est-ce que je ferais à leur place ?” Pour cela, ils doivent comprendre la finance, le marketing, le risque et la stratégie — des domaines par nature transversaux. »

Une perspective internationale : de Lyon à la Finlande et jusqu’à l’ONU

L’orientation internationale du programme renforce le regard global que les étudiants porteront tout au long de leur carrière. Ils passent plusieurs semaines à l’Université d’Oulu, en Finlande — un pays qu’Hoddé décrit comme « un carrefour d’influences géopolitiques, entre la Russie, l’Europe et les États-Unis. »

Ils participent également à des séances avec le UN System Staff College (UNSSC) à Turin, où ils découvrent comment les organisations internationales influencent les débats politiques et économiques.
« Comprendre le fonctionnement de ces institutions est essentiel », explique Hoddé. « Elles influencent les politiques et les cadres qui orientent les décisions publiques et privées. »

Les étudiants apprennent aussi à collaborer avec des think tanks : comment ils analysent, structurent le débat et contribuent aux décisions géopolitiques.

Le MSc inclut également un stage professionnel soutenu par le vaste réseau d’emlyon : entreprises, cabinets de conseil, organisations publiques.
« C’est l’occasion d’appliquer concrètement ce qu’ils ont appris et de débuter leur carrière dans des rôles liés à l’intelligence ou à la stratégie. »

Développer un esprit stratégique

Pour Hoddé, la réussite dans ce domaine repose avant tout sur un état d’esprit particulier. Son conseil aux étudiants est simple :
rester curieux, penser de manière critique et ne jamais cesser de connecter les points.

« La curiosité est la qualité principale dans ce métier », dit-il. « Le matin, vous pouvez parler finances, et l’après-midi organisation industrielle. L’essentiel est de relier ces perspectives pour construire une vision plus claire. »

Il insiste également sur la prise de recul :
« Il faut savoir se détacher de l’information que l’on reçoit. Remettre en question ce que l’on lit, comprendre ce qui se cache derrière, et appliquer ces principes à sa trajectoire professionnelle. »

Pour Hoddé, le MSc in Strategic Intelligence & Global Risks est bien plus qu’un programme académique :
c’est un terrain d’entraînement pour des professionnels capables de naviguer l’incertitude avec clarté et lucidité.

« Notre objectif », conclut-il, « est de préparer les étudiants à aider les organisations à prendre de meilleures décisions dans un monde en constante évolution. »